mardi 15 janvier 2013

En ce moment

Je crois que les enfants aiment les coloriages.

   Hier, lorsque je suis arrivée à la Kindergarten, ils sont venus me voir les mains chargées de dessins. Des monstres et des "Dark Vador" pour Cacahuète (je vous rassure, nous ne lui avons pas montré Star Wars, mais il connait car à Kaufland on trouve des Lego et des peluches sur ce film). Traîne-bûche lui aime faire des cercles ou des écritures. A peine rentrés, ils se sont précipités sur leur table d'activités et je ne les ai presque plus entendu : ils coloriaient ! Car au-delà du dessin, c'est surtout le coloriage qui les passionne ces derniers jours. Hier donc, aux feutres ou aux pastels, ils se concentraient et s'appliquaient dans un silence rare. Il y a bien eu deux, trois accrochages mais ils réglaient vite le conflit. Ils aiment dessiner librement -sur des feuilles blanches- mais la passion du moment, c'est le coloriage. Cacahuète aime plus que tout colorier un dessin (son top 3 : des gâteaux, des dragons, des armes du Moyen-Âge) et me demander ensuite de le découper en suivant les contours, ainsi il joue avec comme s'il s'agissait d'un vrai. Traîne-bûche préfère colorier les animaux -réels ou stylisés- et comme son frère, les gâteaux. 

   Le soir, une fois qu'ils sont couchés, je prépare leur table d'activités pour qu'ils puissent s'en servir rapidement le lendemain matin avant d'aller à l'école ; car évidemment, pour rien au monde ils ne partiraient à l'école sans avoir fait un petit coloriage d'abord (qui a dit que ça virait à l'obsession ?). Je leur met souvent les coloriages du soir, ceux qu'ils n'ont pas fini car il était grand temps d'aller se coucher. Je place aussi une lettre rugueuse pour Cacahuète, qui reprend goût -sans délaisser les mathématiques pour autant- à l'écriture/lecture. Et le matin, c'est le seul moment où ils ne rangent pas leur table : je préfère qu'ils profitent au maximum avant leur dure journée. Et voilà un petit avant/après qui se passe de commentaires -mais vous pouvez en faire quand même, ils sont toujours bienvenus :-)  :

 Avant

Après
   En plus de mettre leurs feuilles et leurs feutres en pagaille, ils ramènent un tas de choses qui prend toute la place (un pistolet en plastique, un "tas" sur la droite...). Ils en mettent partout, mais peu importe s'ils ont moins de place ou qu'à chaque mouvement ils font tomber quelque chose, le matin, c'est production intensive que rien n'arrête !

   Hier soir, avant le coucher, nous avons mis en place une nouveauté : dire comment nous avons trouvé la journée et pourquoi. Pour ce faire, je me suis servie de la fiche "Bilan de la journée" trouvée sur le site lutinbazar.fr (juste ici) J'ai découpé chaque partie que j'ai ensuite collée sur du papier coloré épais. 
 
    Je l'ai fait en trois exemplaires : un pour Traîne-bûche, un pour Cacahuète, un pour moi. Puis j'ai attaché les trois parties à l'aide d'une attache parisienne.

 
   J'en ai fait un pour chacun car en ce moment nous sommes dans une phase où ils ne veulent rien se prêter, et comme je ne voulais pas que cette initiative se termine en disputes, avec chacun le sien, ils ont aimé l'idée. Le but n'est pas vraiment de juger la journée (car elle n'est jamais toute rose ou toute noire) mais plutôt de parler de ce qui s'est passé. C'est un bonne manière de chercher ses mots, de construire ses phrases, mais surtout d'écouter l'autre et de se sentir écouter. Nous verrons si cela marche...
   Hier Cacahuète nous a dit avoir passé une "journée passable" car il a adoré faire des coloriages mais qu'à l'école il n'aimait pas la façon dont lui parlait son petit-frère. Et Traîne-bûche a passé une "bonne journée" car dit-il : "ai beaucoup zoué" !

    Sinon, les plateaux de la bibliothèque ont changé. Priorité aux mathématiques pour Cacahuète et aux poinçonnages pour Traîne-bûche.

 

Et en bas, de gauche à droite : 

Un puzzle offert par belle-maman.
Traîne-bûche, qui adore les puzzles, 
le fait souvent mais s'en se soucier des chiffres.
(chaque chose en son temps)

 
Des cadenas.

Le plateau de nos découvertes

 Un plateau de choses diverses que l'on ramassées.

Ils sortent les feuilles où se trouvent 
les représentations de ce qu'il y a sur le plateau.

Ils placent chaque objet sur sa case.

   Et pour finir, j'ai lu hier un petit article dans le magazine "le cercle psy" dont voici le titre : 

   Ils y expliquent que "de nombreuses recherches ont montré que l'apprentissage auto-dirigé ou "apprentissage actif"  donne de meilleurs résultats qu'un apprentissage "passif"." Sont cités deux études qui confirment cette idée : un apprentissage exploratoire est plus performant qu'un enseignement traditionnel. La raison est simple : "quand un enfant explore un sujet pour résoudre un problème, il prête d'avantage attention aux informations qui lui manquent et qui sont pertinentes pour lui. [...] De même, il va rechercher des aides, des solutions ou des informations qui correspondent à son niveau de connaissance, alors que les manuels apportent des explications standardisées ne répondant pas toujours à ses attentes." Je me réjouis de lire un tel article, qui confirme nos choix concernant les enfants. Et je suis heureuse de le lire en Allemagne (où à la Kindergarten il n'est pas question "d'enseignement" à proprement parlé) car en France j'aurais eu encore plus de mal à me faire à l'idée de les mettre dans une école "normale".
   La conclusion de l'article, cerise sur le gâteau : "L'exploration personnelle vaut mieux qu'un apprentissage passif. Voilà qui semble valider les bonnes vieilles méthodes actives prônées naguère par Maria Montessori ou Célestin Freinet."

Et pour en revenir aux coloriages, j'essaie de leur faire comprendre que les feuilles sur lesquelles j'imprime les coloriages qu'ils choisissent, ces feuilles viennent d'arbres, et ces arbres sont coupés à outrance, et...et tout cela leur passe au dessus dès qu'ils ont le feutre entre les mains !

5 commentaires:

  1. Magnifique ! C'est vivifiant comme tout de lire cet article ( ainsi que l'extrait du journal " le cercle psy") ,nous (notre fils et nous) qui sommes englués dans les voies poussiéreuses de l'enseignement français traditionnel...Je regretterai toujours que les circonstances aient mis des freins puissants à toute tentative alternative , et notre fils essaie courageusement de faire son chemin malgré l'inadéquation entre le collège ( et avant , l'école) et sa nature propre. Alors c'est un véritable baume pour moi de voir le respect de la créativité et de la curiosité humaine , en action !

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    1. Je comprends tes regrets et je les partage car même si notre déménagement nous a fait sortir du système scolaire français, mon grand regret est de ne pas pouvoir les mettre dans une école Montessori ! Surtout lorsque l'on a bien cerné la nature de son enfant et que l'on voit à quel point, comme tu dis, il y a "inadéquation" avec le système scolaire dans lequel il se trouve.
      Félicitations à ton fils ! Car ce n'est jamais facile d'être dans un univers qui ne nous correspond pas.

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  2. Tout pareil que le commentaire précédent... Je lis quelques blogs de parents qui ont fait le choix d'une éducation alternative pour leurs enfants, ou de les homeschooler, et j'en suis baba d'admiration... Il s'agit parfois de conviction, de courage de sortir des sentiers battus, de confiance en nos enfants et en leur capacité à tracer malgré tout leur chemin dans une société très formatée. Et parfois de finances, hélas. C'est notre cas, car nous avons choisi de travailler tous les deux à temps partiel pour être plus présents pour les enfants. Et maintenant, travailler plus pour pouvoir leur offrir une éducation qui nous parle, me ferait mal au coeur, comme si nous déléguions ce pouvoir à d'autres alors que nous avons aussi beaucoup à leur offrir.

    A part ça, je suis tombée, en faisant une recherche pour trouver des cours d'allemand in situ pour nos garçons cet été, sur cet article, qui explique bien la scolarité en Allemagne. Un poil trop tôt pour toi, mais...

    http://afrikibouge.com/cursus-scolaire/759-le-systeme-educatif-allemand-par-le-professeur-elie-mavoungou

    Tes enfants ont une chance énorme que l'investissement que tu consens pour qu'ils vivent une enfance épanouie et en respectant leurs rythmes...

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    1. Je trouve que c'est super de travailler tous deux à temps partiel pour profiter de vos enfants !! Et tu as raison, vous avez beaucoup à leur offrir ! C'est vrai que lorsqu'il s'agit d'école alternative, le problème est souvent financier car ces écoles sont hors de prix (sauf quelques rares exceptions quand elle sont en contrat avec l’État). Mais il ne faut jamais oublier qu'au-delà des aspects purement "éducatifs", dans ces écoles, règnent aussi un état d'esprit, une façon d'appréhender l'enfant, dans tout ce qu'il est, qu'il est tout à fait possible de mettre en œuvre à la maison.
      Cela n'empêchera pas l'enfant de suivre une scolarité que l'on trouve inadaptée, mais je me dis que ça peut aisément "rectifier le tir" !

      Quant au homeschooling...mon avis est partagé. Je suis d'accord avec toi lorsque tu dis qu'il faut beaucoup de conviction, de courage et de confiance pour sortir ses enfants du système scolaire. Les parents qui font l'école à la maison sont trop souvent vus comme des "extra-terrestres", des marginaux, ou pire des membres d'une secte ! (il n'y a qu'à voir certains débats enflammés sur Internet). Cependant, une chose me gêne avec le homeschooling : tout le monde ne sait pas "enseigner". Je ne suis pas en train de dire qu'un parent sera moins compétant qu'un instituteur (car certains font vraiment peur !) mais plutôt que tous les parents n'ont pas le recul nécessaire. Plusieurs fois en lisant des blogs de parents qui ont déscolarisé leurs enfants, je me suis dit qu'il s'agissait là d'idéologie plus que d'éducation. C'est une très bonne chose d'avoir des idées, des valeurs à défendre, de se rebeller contre certains systèmes établis, mais pas au détriment de l'éducation de l'enfant. C'est pourtant l'impression que j'ai eu en lisant certains blogs : planter chez son enfant des graines idéologiques et orienter l'éducation pour que ses graines poussent. Hors nos enfants ne sont pas des "laboratoires". Ce n'est pas une généralité mais c'est une "dérive" qui me pose problème -comme toutes les dérives d'ailleurs : tout le monde n'est pas capable de faire l'école à la maison. Je parle sans doute d'une minorité, mais elle existe.
      Il faut à mon sens bien différencier l'éducation (l’apprentissage) des valeurs. Ce sont deux choses complémentaires certes, mais différentes.
      Et je m'affole aussi lorsque je visite des blogs plein d'idéaux (que je partage parfois, souvent) de lire leurs cheminements dans le homeschooling (leur choix, leurs méthodes, les progrès de leurs enfants) et de constater les fautes d'orthographe, de conjugaison, voir de grammaire...comment peut-on dans ce cas-là faire l'école à la maison ? Tout n'est pas qu'écriture mais cela me semble un minimum...
      Bref ! ma réponse s'éloigne de ton commentaire, et je m'en excuse...J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur :-)

      Sinon merci pour le lien ! Je n'ai pas encore eu le temps de tout lire, mais le début est très intéressant. Et même si nous ne sommes en Allemagne que depuis quelques mois, je confirme déjà certaines choses : "D’une certaine manière, l’enfance est idéalisée comme un petit paradis." ou encore "Le Kindergarten ne se voit donc pas en premier lieu comme une institution qui prépare les enfants à la réussite scolaire, mais constitue un espace de découverte, un espace de jeu et initie les enfants à la vie collective." Je pense -j'espère!- que nous resterons en Allemagne encore quelques années, alors je lirai la suite de l'article avec beaucoup d'attention !! :-)

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  3. T'en tenir rigueur ? Mais non, mais non, j'aime bien être challengée dans mes pensées (j'ai peu de certitudes). En l'occurrence, il y a des enseignant(e)s formidables, et d'autres qui font peur, comme tu dis. Pourquoi les enseignants seraient-ils parfaits ? Ils sont l'émanation de la société... Mais l'enseignement public (et même privé) est une mission, une profession difficile ; les enseignants sont souvent en butte aux critiques. C'est qu'ils ont en charge des petits d'hommes...

    Pour le français, je suis d'accord, certains d'entre nous n'en maîtrisent pas bien le maniement. Ceci dit, je connais une enseignante, en tout début de carrière, qui avait organisé une pièce de théâtre de fin d'année. Script à l'appui, distribué pour que les élèves peaufinent leur rôle à la maison. Mamma mia, au moins 10 fautes par page, et pas des moindres... Mais elle avait de l'enthousiasme, et c'est déjà bien.

    Bref, tout ça pour ça : pour ma part, je ne suis pas sûre qu'il faille "savoir enseigner", comme s'il s'agissait d'un corpus de techniques. Avoir envie de transmettre, être bienveillant, avoir du temps, de la patience, me paraît plus important que d'avoir un programme, une structure, etc. Les parents aimants peuvent offrir un environnement stimulant, et un enseignant borné peut brider toute envie d'apprentissage chez un enfant...

    Bien sûr, je suis également "contre" ceux qui soustraient leurs enfants à l'école mais également à la société en général, afin de leur inculquer une idéologie.

    Rien n'est simple...

    Bon dimanche !

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