dimanche 16 décembre 2012

Parents efficaces 1/2

Je crois qu'il y aura deux parties.

   Les parents qui décident d'éduquer leurs enfants "autrement" (j'ai un peu de mal avec ce mot car il sous-entend une norme qui me met à l'aise et contre laquelle justement il faut se battre) ces parents donc, qui préfèrent "accompagner" plutôt qu' "éduquer" ont dans leur bibliothèque quelques livres en commun. Quel que soit le site ou le blog qui parle de cet accompagnement, quatre, cinq livres reviennent toujours.
   Il y a l'incontournable "Au coeur des émotions de l'enfant" d'Isabelle Filliozat ou encore "Élever son enfant autrement" de Catherine Dumonteil-Kremer ; on trouve aussi les livres d'Adele Faber et Elaine Mazlish ("Parler pour que...") et "Parents efficaces" de Thomas Gordon. C'est de ce dernier que je voudrais parler ici.


   Même si le livre date un peu (les années 70) et que cela se ressent quand il parle de "l'actualité", le Docteur Thomas Gordon expose ici une méthode intemporelle qui est toujours enseignée sous forme d'ateliers de nos jours. Il est d'ailleurs intéressant d'aller faire un petit tour sur le site Internet de ces ateliers pour se faire une première idée de la méthode. Car il s'agit bien d'une méthode, que Thomas Gordon présente lui-même comme telle et qui est très bien résumée dans cette petite phrase tirée du livre : "Cette alternative, c'est la méthode 'sans perdant' pour résoudre les conflits, celle où personne ne perd." Car trop souvent dans les relations avec les autres, et ici dans nos relations avec les enfants, tous les conflits se terminent avec un perdant : parfois le parent (quand il "cède") souvent l'enfant (quand il doit "obéir" et faire ce qu'on lui dit). Le Docteur Gordon propose donc une alternative à ce rapport "gagnant-perdant", alternative qu'il appelle la Troisième Méthode.
   Le livre comporte seize chapitres, plus une annexe qui regroupe des exercices et une Liste des effets des façons typiques dont les parents répondent aux enfants où tout parent se retrouvera forcément (au moins une fois dans une catégorie) et qu'il est bon de relire régulièrement. On trouve aussi une bibliographie, mais un peu "vieillotte".

Être parent, mais pas que...

   Les deux premiers chapitres, à mon sens, servent essentiellement à déculpabiliser les parents : nous "recevons des blâmes mais peu de formation" et nous "sommes des personnes et non des dieux." Autrement dit, rien n'est plus difficile que d'être parents, d'autant plus que nous n'avons pas de mode d'emploi (si ce n'est reproduire les schémas qui ont accompagné notre enfance) et il ne faut pas oublier qu'avant d'être parent, nous étions des personnes, et que cette identité ne doit pas disparaître ; nous ne devons pas nous enfermer dans ce rôle parental, nous ne devons pas oublier que nous sommes des humains -imparfaits- avant tout !!

Les messages

   Dès le troisième chapitre, on entre dans le vif du sujet : "Comment écouter pour que vos enfants vous parlent". Pour celles et ceux qui ont commencé par lire les livres de Faber et Mazlish, les chapitres 3 à 6 n'apporteront pas grand-chose de nouveau mais restent tout de même intéressants (et indispensables) à lire.
 
   Le chapitre 7 présente le fameux "Message-Je". Résumé très, très simplement, cela donne : préférez dire "Je" plutôt que "Tu". Exemple (tiré du livre) : un enfant frappe son parent.
  • message-je : "Aie ! Ça me fait vraiment mal ! Je n'aime pas qu'on me donne des coups de pieds."
  • message-tu : "C'est très méchant de ta part. Ne frappe plus jamais personne de cette façon."
   Je cite : "Le premier message dit simplement à l'enfant de quelle façon son coup de pied vous a affecté, un fait qu'il peut difficilement refuser. Le second dit à l'enfant qu'il a été "méchant" et l'avertit de ne plus le faire, deux affirmations qu'il peut sûrement discuter et auxquelles il résistera probablement avec vigueur."
   L'utilisation des "messages-je" est peut-être ce que je trouve le plus difficile ; cela demande beaucoup de patience (car il est toujours plus simple d'accuser, de blâmer, que d'expliquer ce que l'on ressent) de la constance, et surtout de la vigilance. De la vigilance car c'est affolant de voir à quel point on utilise les mauvais messages. En voici la liste...et si un parent ne se retrouve dans absolument aucune des réponses que l'on donne la plupart du temps à nos enfants, qu'il me contacte car je veux son secret :-)
  1. Donner des ordres, diriger, commander (ex : Va te chercher un jeu ! Va dans ta chambre ! Nettoie-ça tout de suite !)
  2. Avertir, mettre en garde, menacer (ex : Si tu n'arrêtes pas je vais te punir. Si tu recommences, tu n'y touches plus.)
  3. Moraliser, prêcher, faire la leçon (ex : Tu ne devrais pas jouer quand maman est occupée. Tu dois toujours respecter tes professeurs.)
  4. Conseiller, donner des solutions (ex : Pourquoi ne vas-tu pas jouer dehors ? Pourrais-tu remettre les choses à leur place ?)
  5. Juger, critiquer, blâmer (ex : Tu devrais pourtant le savoir ! Tu es insupportable.)
  6. Ridiculiser, faire honte (ex : Tu n'es qu'un enfant gâté. Tu devrais avoir honte !)
  7. Interpréter, psychanalyser (ex : Tu cherches seulement à attirer l'attention. Tu fais tout pour m'exaspérer et voir jusqu'à quel point tu peux me pousser à bout.)
  8. Argumenter, persuader par la logique (ex : Ce n'est pas poli d'interrompre quelqu'un. Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l'on te fasse.)
   Alors...vous comprenez pourquoi je vous parlais de "vigilance". Ce sont effectivement ces réponses (messages) que nous avons tendance à donner à nos enfants, en ne pensant pas à mal d'ailleurs (surtout lorsqu'il s'agit de conseils ou d'arguments). Pourtant ces messages ne sont pas efficaces (pour plus de détails, se reporter à la fameuse Liste des effets des façons typiques dont les parents répondent aux enfants à la fin du livre). Il faut donc faire un vrai travail sur soi pour se défaire de ces automatismes et apprendre à utiliser les "messages-je". Pour cela le livre est vraiment formidable et regorge d'exemples concrets. Je n'ai donné ici qu'un petit aperçu de l'utilisation et surtout de l'efficacité de ces "messages-je". 
   Une fois que l'on a pris l'habitude de les utiliser il est inconcevable de revenir aux anciennes réponses. Et si par malheur elles nous échappent, ne pas oublier de relire les premiers chapitres : nous ne pouvons pas être parfaits, tout le temps, en toute circonstance ! 

Et pour en revenir aux deux parties de ce billet, la première est terminée.

2 commentaires:

  1. J'ai ce livre , formidable . Et j'ai découvert sur Facebook une page super , à laquelle chaque parent devrait POUVOIR avoir accès , celle-ci :
    https://www.facebook.com/CalmeEtAttentifCommeUneGrenouille
    (même si on n'est pas sur FB , on peut regarder pendant 1 mois sans s'inscrire , c'est ce qui s'est passé pour moi..). J'adore l'esprit de cette page , tellement alternatif à celui prédominant actuel !!
    Isabelle

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  2. Je ne connaissais pas cette page, je vais y faire un tour ! Et c'est tant mieux que l'on puisse y jeter un œil sans être inscrit sur Facebook, car je ne le suis pas non plus!)

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