dimanche 16 décembre 2012

Parents efficaces 2/2

Je crois que deux parties étaient nécessaires.

   Pour moins de 6€, il serait dommage de se priver de ce précieux outil qu'est le livre du Docteur Thomas Gordon, Parents efficaces.

Dr. Thomas Gordon

   J'ai évoqué dans le billet précédent les sept premiers chapitres et je voudrai à présent vous parler des neuf suivants.
   Le chapitre 8 n'est pas le plus intéressant. Il a pour titre : "Changer un comportement inacceptable en changeant l'environnement". Pour tous ceux qui s'intéressent, de près ou de loin, à la pédagogie Montessori, ce chapitre n'apporte vraiment rien. Il n'est pas inutile de le lire, mais j'avoue ne l'avoir que survolé tant tout cela n'est qu'évidences...

Les conflits et l'autorité

   Le chapitre 9 pose une question essentielle : en cas de conflit, qui devrait gagner ? Et le chapitre 10 n'est qu'une suite logique : le pouvoir des parents est-il une nécessité ou une justification ? J'ai l'habitude de lire ce genre de livre avec un stylo et un carnet où je note les points essentiels, les choses à ne surtout pas oublier, quelques exemples concrets...A la lecture de ces deux chapitres, j'ai vite abandonné mon carnet tant tout me semblait important ! Le chapitre sur le pouvoir des parents est une vraie remise en question de ce dit pouvoir et devrait être lu par tous les parents. Certains sont déjà d'accord, d'autres se questionneront, d'autres encore trouveront que cela n'est qu'inepties et ne se remettront jamais en question. Ce sont deux chapitres qu'il faut impérativement lire, car ils sont les fondements de la philosophie de Thomas Gordon. Même si rien ne remplace une lecture complète, voici les points essentiels : 

A propos des conflits 
  • les conflits ne sont pas forcément mauvais ; ils peuvent amener les gens à se séparer, mais aussi à se rapprocher. A détruire ou à unifier.
  • c'est la façon dont on règle le conflit qui est important ! ("Le facteur le plus important de toute relation, c'est la façon dont on règle les conflits, et non le nombre de conflits qui se produisent. Je suis maintenant convaincu que c'est là le facteur le plus important pour déterminer si une relation est saine ou malsaine, mutuellement satisfaisante ou insatisfaisante, amicale ou hostile, profonde ou superficielle, chaleureuse ou indifférente." - Thomas Gordon)
  • la relation avec un enfant n'est pas une lutte de pouvoir ; il ne doit pas y avoir un perdant et un gagnant.
A propos de l'autorité
  • les parents ont une plus grande "taille psychologique" (ce qui ne devrait pas sous-entendre "un plus grand pouvoir")
  • le système "récompense-punition", en plus d'avoir des effets déplorables, ne peut pas marcher éternellement et exige des conditions strictes (qui s'apparentent à du dressage)
  • le pouvoir des parents fait adopter à l'enfant des mécanismes d'adaptation aux effets négatifs (pour ne pas dire désastreux). Il y en a une ribambelle...en voici quelques-uns : défi, révolte, rancune, colère, agressivité, vengeance, mensonge, dissimulation des sentiments, délation, tricherie, brutalité, besoin de toujours gagner, organisation contre les parents, soumission, servilité, courtisanerie, conformisme, peur d'essayer de nouvelles choses, manque de confiance en soi, rêverie, régression...et j'en passe !  
   Tous ces mécanismes d'adaptation sont très bien expliqués (sur 10 pages) et amènent à poser un regard nouveau sur nos enfants, sur les enfants, et sur ce que devient l'humanité en générale ! A lire, à relire, et à lire encore !!

Gagnant-gagnant

   Les trois chapitres suivants (11, 12, 13) contiennent la deuxième grosse partie du livre (après l'écoute active et les "messages-je") à savoir : la méthode sans perdant.
   Puisque la relation avec notre enfant n'est pas une lutte de pouvoir, il n'y a aucune raison ni justification à ce que chaque conflit accouche d'un gagnant et d'un perdant. La méthode "sans perdant", la méthode "gagnant-gagnant" c'est : trouver une solution qui convienne aux deux parties. Après avoir exposé la méthode et les préoccupations et craintes que peuvent éprouver les parents face à cette nouvelle méthode, Thomas Gordon nous explique comment faire pour l'appliquer. Encore une fois, rien ne remplace la lecture de ce livre (ne serait-ce que pour les exemples concrets d'application), voici tout de même un petit résumé, les six étapes importantes pour parvenir à une solution sans perdant :
  1. Identifier et définir le conflit : choisir un moment où l'enfant est réceptif et à le temps afin de lui dire directement et brièvement qu'il y a un problème à résoudre. Ici l'utilisation des "messages-je" est primordiale (surtout pas de "messages-tu" !) Établir aussi clairement que vous tenez à ce que l'enfant participe à la recherche d'une solution afin que vous y trouviez tous les deux votre compte.
  2. Énumérer les solutions possibles : commencer par dire "Quelles sont les choses que nous pourrions faire ?" puis laisser l'enfant donner des suggestions. Ne pas évaluer, ni juger, ni minimiser les solutions proposées et éviter les commentaires. L'important ici c'est l'écoute active.
  3. Évaluer les solutions énumérées : dire une phrase du type "Voyons tout d'abord lesquelles de ces solutions semblent les meilleures." Si une solution ne vous convient pas, il faut le dire clairement.
  4. Choisir la solution la plus acceptable : ne pas considérer une solution comme finale et impossible à modifier (sinon on n'en accepterait aucune). S'assurer ensuite que chacun a bien compris qu'il s'engage à appliquer la décision.
  5. Établir les moyens d'appliquer la solution : qui fera quoi à quel moment, quand commencer...Au besoin faire un petit planning, une petite fiche récapitulative.
  6. Réviser et évaluer à nouveau la décision : vérifier -au bout de quelques temps- si l'enfant est toujours satisfait de la décision. Réajuster la décision si l'enfant ou vous-même la trouve trop difficile et/ou inapplicable et/ou finalement injuste pour une des parties.
   Bien évidemment, la méthode "gagnant-gagnant" n'est pas une méthode miracle, il y aura forcément des ratés et des conflits qui resteront à jamais irrésolus. Le chapitre 14 aborde ce dernier point de façon très simple : certains problèmes appartiennent aux parents (dans ce cas il y a nécessité de "régler le conflit") et certains problèmes n'appartiennent pas aux parents et n'ont aucune incidence directe sur leur vie (il n'y a donc à proprement parler aucun conflit ; le parent doit "accepter" la situation). Je ne rentre pas dans les détails mais c'est une bonne leçon de "lâcher-prise"...

  Le quinzième chapitre s'intitule "Les parents peuvent éviter les conflits en se transformant eux-mêmes". Y sont abordées nos valeurs, nos croyances, la façon dont nous concevons la parentalité (à qui appartiennent les enfants ?) mais aussi notre relation avec notre conjoint(e) et nos habitudes.
   Le seizième chapitre enfin parle des "autres parents de vos enfants", autrement dit toutes les personnes qui vont à un moment donné avoir "autorité" sur vos enfants : les grands-parents, les professeurs, les moniteurs, etc.

Pour conclure...

   Si tant de parents lisent ce livre, s'il fait partie des best-sellers des livres sur l'éducation (aux Éditions Marabout) si tant de blogueuses en parlent, c'est bien que ce livre vaut la peine. Au-delà des aspects purement "concrets" (comment utiliser l'écoute active, les messages-je, la méthode sans perdant...) ce livre offre une toute nouvelle vision de la relation parent-enfant. Il permet de découvrir une nouvelle parentalité (positive, non-violente...peu importe le nom qu'on lui donne) et une nouvelle façon d'appréhender l'enfant. C'est un livre qui restera toujours à côté de moi, dans lequel je replongerai, et surtout que je conseille (et conseillerai) à tous les parents ou futurs parents qui m'entourent. Donc à vous. 

Et pour en revenir aux deux parties, il en aura fallu deux fois plus pour rendre justice au livre !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire