dimanche 11 novembre 2012

La patience

Je crois que ma patience a des limites.

   Ces derniers temps, je manque un peu de sommeil, alors moi qui suit d'un naturel plutôt patient (avec les enfants) j'ai en ce moment un peu de mal à garder mon sang-froid. Je ne me mets pas à crier, à hurler, ou à punir, mais je suis très vite irritée par mes deux garnements et de ce fait j'ai beaucoup de mal à être attentive : je ne réagis pas comme je devrais réagir, je ne dis pas ce que je voudrais dire. L'ambiance à la maison ces deux, trois derniers jours n'est pas des plus agréables...Cacahuète reste fidèle à lui-même et ne change pas son comportement (mais comme il est hyper-sensible et s'emporte facilement, c'est parfois dur pour moi de ne pas m'énerver après lui). Traîne-bûche -bientôt trois ans- prend un malin plaisir à profiter de la situation et à tout mettre en oeuvre pour me faire tourner en bourrique. Je prends beaucoup sur moi pour ne pas m'emporter, mais je ne gère pas les problèmes comme il faudrait, comme j'aimerai. Autant dire qu'il est grand temps que ma patience revienne...et vite !

   Selon Wikipédia, la patience "est l'aptitude de quelqu'un à se maîtriser face à une attente, à rester calme dans une situation de tension ou face à des difficultés". Pour Anne Bacus, docteur en psychologie et psychothérapeute, "être patient avec ses enfants correspond surtout à un bon contrôle émotionnel : ne pas se mettre à hurler à tort et à travers, ne pas s’emporter à tout bout de champs." Ce n'est pas toujours évident de faire preuve de patience. Il y a forcément des jours où nous sommes fatigués, où quelque chose nous a contrarié, où "trop c'est trop", ou simplement des jours où nous nous sommes levés du mauvais pied. Nous sommes parents mais avant tout des êtres humains, avec des émotions et des humeurs. On ne peut pas TOUJOURS être patient. L'important est que cet état (de "non-patience") soit passager et n'ait pas de répercussions négatives sur les enfants.
 
« La patience a beaucoup plus de pouvoir que la force. »
Plutarque.

   Lorsque vous vous sentez à bout, n'hésitez pas à vous isoler, à hurler dans un coussin si ça vous fait du bien, à jeter quelque chose (qui ne casse pas ;-) à exprimer votre colère à l'aide d'un papier et d'un crayon, bref ! à extérioriser. Lorsque vous n'êtes ni à bout ni sur le point d'exploser mais qu'un rien vous irrite, ne vous "forcez" pas à être patient, à "faire semblant" d'être patient, cela durerait cinq minutes et vous finiriez par réellement vous emporter (ne comprenant pas pourquoi, puisque vous êtes patient, votre enfant n'arrête pas de tout faire pour vous mettre sur les nerfs !).
   Si vous êtes dans une période où la patience n'est pas au rendez-vous, les choses peuvent changer en suivant quelques conseils :

-Dormir. Souvent l'impatience est une fatigue déguisée. Lorsque l'on est à bout physiquement, on l'est souvent moralement. Si vous êtes dans une période de grande fatigue, dormez -ou tout du moins reposez-vous- dès que vous le pouvez. C'est la partie où je m'étends le moins, mais c'est peut-être la plus importante !!

-Éviter les tensions. Un climat peut être "allégé" en évitant au maximum de créer des tensions. Par exemple, ne vous lancez pas dans une activité éducative et/ou manuelle si vous savez qu'au moindre "écart" de votre enfant vous allez pester et vous emporter contre lui. On préfèrera sortir au parc, se défouler (en courant dehors, en dansant...) partager un moment complice qui a priori sera bon (des séances de chatouilles, un bain commun...). Éviter aussi toutes les situations où vous savez que votre enfant va réagir un peu difficilement. Par exemple, s'il déteste essayer une nouvelle paire de chaussures (c'est le cas de Cacahuète) mais qu'il faut qu'il les essaie car vous devez bien savoir si c'est la bonne taille ou non (afin de les échanger ou de les garder) attendez que votre patiente soit au beau fixe pour vous lancer dans l'essayage. L'important est d'anticiper les moments délicats afin de les éviter ou de s'y préparer au maximum.

-Se mettre à la place de l'enfant. C'est peut-être le plus difficile quand tout vous énerve ! Et pourtant...L'empathie peut réellement faire baisser la pression, vous apaiser, vous rendre plus patient(e). Si chaque soir le lavage de dent est un moment délicat, que chaque soir vous faites preuve de patience, mais que ce soir-là vous n'êtes pas du tout d'humeur, mettez-vous immédiatement à la place de votre enfant. Non seulement l'enfant ne comprend pas toujours pourquoi il doit faire quelque chose (ici se laver les dents...et même les phrases explicatives comme "sinon tu peux avoir des caries" ne sont pas toujours des raisons valables pour lui) mais en plus, il ne sait pas toujours comment faire. Si vous sentez votre impatiecte monter, mettez-vous à sa place ! Vous vous rendrez vite compte que la situation est souvent plus difficile pour lui que pour vous.

-Laisser passer un peu de temps. Les parents ne sont pas parfaits, mais les enfants non plus (et heureusement, car un enfant toujours sage n'est pas, à mon sens, un enfant complètement épanoui). Si vous sentez bien que votre enfant fait tout pour tester votre patience et les limites et que la seule réponse qui vous vient à l'esprit est de lui passer un savon, surtout, retenez-vous ! Ne répondez pas à ses "provocations" mais ne restez surtout pas silencieux ou inactif. Expliquez-lui que cette situation vous dérange, que vous aimeriez qu'elle cesse ou qu'elle change mais que pour l'instant vous n'êtes pas assez patient(e) pour en parler. Par exemple, ces derniers temps, Traîne-bûche à tendance à postillonner sur nous. C'est bien sûr un comportement que je n'accepte pas. Quand la patience n'est pas là et qu'il continue malgré ma demande d'arrêter, je respire un bon coup pour ne pas m'emporter et je change de place en expliquant que ce qu'il fait me dérange et que comme il n'arrête pas, je préfère partir plutôt que de me fâcher fort car "maman n'a pas trop de patience aujourd'hui". Presque à chaque fois, il me dit "pardon maman" et cesse immédiatement. Lors d'un moment où chacun de nous est disponible, je reviens sur l’événement (pourquoi est-ce qu'il fait ça ? ce que ça me fait...etc.)

-Se sentir heureux d'être parents. Saisir et s'attarder sur tous les moments où vous vous rendez compte qu'il n'y a pas de plus cadeaux que les enfants. Souvenez-vous de la joie que vous avez eue en le voyant faire ses premiers pas, de ses premiers mots mal prononcés que vous trouviez si mignons, affichez les dessins qu'il vous a fait, rappelez-vous de ses "je t'aime maman/papa"...N'oubliez jamais que si vous êtes parents, ce n'est pas à cause, mais grâce à eux. Et je cite ici Isabelle Filliozat, dans "Au coeur des émotions de l'enfant" : "Tous les parents le disent, l'enfance, ça passe vite, trop vite. Ne ratons pas la rencontre !" Quand je suis à bout, quand ils m'énervent quoi qu'ils fassent, je me ressource le soir, en allant les regarder dormir...J'arrête instantanément de les voir comme deux petits diables, et ils m'apparaissent dans toute leur pureté, pleins d'innocence, deux petits anges.

   Sur le blog parentsdurables, l'auteure propose une série d'interviews sur l'éducation respectueuse. A chaque personnalité, les mêmes questions sont posées. Leurs réponses sont une mine d'informations et de conseils. Quand je suis fatiguée, que je doute, que mes vieux démons (éducatifs) me rattrapent, j'aime relire ces interviews. Elles n'approfondissent pas le sujet mais donnent de bonnes pistes.
Je parle de ce site ici car une question en rapport avec la patience est posée : "Votre conseil-fétiche pour rester zen quand votre enfant fait une bêtise (en une phrase) ?" Tous ont une réponse dans le même esprit, mais différente. Sophie Benkemoun, responsable de l'Atelier des parents donne une réponse que j'ai beaucoup aimé et que je me répète chaque fois qu'un conflit est sur le point de naître entre moi et l'un de mes enfants ; cette réponse, la voici : "Choisissez vos batailles ! Certaines valent le coup, d'autres non."

Et pour en revenir aux limites de ma patience, ce ne sont pas des barricades aux fils barbelés, juste des lignes malléables qui ne demandant qu'à être ajustées.

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